Voilà à peu près 4 mois que j’ai mis un énorme frein à mon activité de joueur de poker, et le bilan que j’en tire est des plus déroutants. Certes, je prends beaucoup de plaisir à dévorer l’actualité pokérienne, à entendre les différentes performances de chacun, jeune star montante ou copain qui commence à devenir plus grand chaque jour. Seulement voilà, je n’ai plus le bankroll nécessaire, l’envie, la rigueur ni le niveau actuellement pour continuer de jouer comme je l’ai fais jusqu’à maintenant. Le faire est une chose, s’en rendre compte très troublant mais l’avouer est encore plus difficile. Je me rends compte aujourd’hui de la difficulté de ne faire que du cash game. Le jeu de tournoi est une gymnastique bien différente, où l’on doit perpétuellement garder en tête bon nombre d’informations capitale dans la gestion de son stack : l’augmentation des blinds, la position, le type de joueurs assis à table, le tapis moyen etc… Bref toutes ces infos ne sont pas nécessaires en cash, car les blinds n’augmentent jamais et les joueurs risquent souvent de bouger en cours de partie, ou leur stack risque fort de connaître une grosse variance.
Alors voilà, depuis, je me suis lancé dans une activité annexe du poker, et j’aide les casinos indépendants dans la gestion et l’encadrement de leur tournois de poker. Jusque là à faibles buy-in, les tournois sont de plus en plus réguliers aux 4 coins de la France et les buy-in ainsi que le nombre de joueurs inscrits tendent à augmenter. La population de joueurs potentielle n’étant pas la même suivant chaque région, les tournois ne sont pas tous calqués sur le même concept, exceptés au niveau de la structure qui reste inchangé sur des buy-in faibles (dans les 200€). J’estime que ce type de structure reste du jamais vu auparavant, avec une profondeur poussée dès le début : 10 000 de départ, blinds 25 / 50 et des rounds de 30 mn sans Ante, c’est très lent et cela permet de jouer son jeu tranquillement. Mis à part grosse rencontre (AA vs KK) ou énorme Bad Beat, la gestion du tournoi est relativement aisée. On a le temps de prendre la température de la table, jauger le niveau et surtout, cumuler un maximum d’information sur les joueurs, dont c’est pour la plupart leur première expérience « Live ». Voilà pour la partie promotion de ce que je côtoie activement depuis un peu plus de 4 mois. Pour le côté personnel, je prends énormément de plaisir à passer de l’autre côté de la barrière. N’ayant aucune référence dans mon C.V en termes d’activité salariée dans les cercles ou les casinos, je me base sur mon vécu de joueur et de « regular » de l’ACF pour m’en sortir. Loin d’être un Nicolas Fraioli, Matt Savage ou un Thomas Kremser, je jouis néanmoins d’une bonne côte auprès de mes employeurs mais également auprès des joueurs. Je croise souvent des têtes connues rencontrées autour des tables de mon cercle favori, et cela me permet de bénéficier d’une crédibilité à laquelle mes collègues ne peuvent pas forcément prétendre. Mais cela a aussi son revers de la médaille. Cette crédibilité peut être remise en cause aux vues de mon passé, et les décisions arbitrales remises en cause de fait. Mais jusqu’à maintenant, je n’ai côtoyé que des personnes que je n’ai que peu ou pas rencontré dans ma vie de joueur alors je reste neutre. Quand bien même je devais arbitrer un coup où sont concernées des personnes avec qui je peux avoir des affinités, j’ai suffisamment de recul et de maturité pour que cela n’influence pas mon jugement. Je me mets désormais à la place de tous ces floors qui ont de l’affection pour certains joueurs et qui se retrouvent confrontés à ce genre de situation. Mais vous me direz que cela est du ressort d’un arbitre, juge impartial dans tous les domaines, et un bon floor reste une personne qui sait arbitrer de la manière la plus juste et le plus légal possible. Certes, chaque tournoi de chaque casino de chaque pays a son propre règlement, et il est difficile d’appliquer chez soit ce qui se fait chez les autres pour diverses raisons. Seulement voilà, j’ai dévoré les règlements du TDA, dévoré les quelques livres qui existent sur le sujet, et j’estime aujourd’hui qu’un bon floor doit rester une personne avec du charisme, beaucoup de communication car rendre une décision sans pédagogie, brut de décoffrage, en énonçant c’est la règle c’est tout, sans démarche préalable pour expliquer le raisonnement que l’on adopte pour rendre telle ou telle décision, doit être doté en plus de cette culture joueur que peu de floors peuvent se permettre de revendiquer, et tout cela combiné fait que vous avez en face de vous une personne qui sait de quoi elle parle, qui connaît un tant soit peu la psychologie du joueur, et qui ne prendra une décision que si elle a l’intime conviction que cela va dans le sens du jeu et des règles. Je prends souvent une grande respiration avant de trancher, j’écoute énormément le croupier car c’est lui qui est le maître de la table, je base ma décision à 95% en fonction de ce qu’il me dira. Je prête une oreille attentive à ce que les joueurs m’annoncent mais cela ne représente qu’une infime partie dans mon arbitrage. Je suis joueur et je sais que l’on peut interpréter une action ou un geste d’une bonne dizaine de façons différente, c’est dire que comme il faut un avis fiable, celui du croupier est primordial.
Ma vie de joueur est loin d’être terminée, mon activité de l’autre côté de la barrière ne fait que commencer et j’espère pouvoir continuer le plus longtemps possible cette activité qui est enrichissante tant du côté financier que du côté culturel. Malgré une année 2008 désastreuse financièrement, travailler pour les casinos me permet de rester au contact de ce monde si fascinant et adopter une rigueur qui me faisait défaut jusqu’à maintenant. L’organisation dont je dois faire preuve est un petit plus que je dois calquer sur ma gestion de bankroll, je côtoie une génération de joueurs qui s’angoisse à la perte de 90€ (tarif d’un AQ suited par exemple dans ma hand range), qui économise 1 mois ½ pour pouvoir se payer une cave dans un tournoi à 200€, et j’avoue que c’est rafraichissant de constater que ce jeu n’est finalement pas qu’une question de moyen, mais de passion et de rigueur. Je prends beaucoup de plaisir à rencontrer des joueurs qui ne sont pas motivés par l’appât du gain, ils viennent passer la journée au casino, s’ils ont un peu de chance, ils arrivent en table finale, ont conscience de l’enjeu financier mais sont là pour passer une journée par mois où ils sont concentrés et ne pense que poker de 09h00 du matin jusqu’à tard le soir. Le profil des joueurs rencontrés est très loin de ce que l’on connaît ici, dans la capital. C’est même pour certains la première expérience live, et à coup sûr pour la plupart leurs premiers pas dans un casino. Très loin du cliché chemise ouverte, chaine en or qui brille, une « poule de luxe » assise à côté de lui et les bagues plein les doigts, le joueur typique de casino d’aujourd’hui est jeune, avec un niveau de vie des plus moyens et qui aura découvert le poker avec l’ami Bruel sur Canal + (aucune honte, j’ai commencé grâce ou à cause de lui), a généralement une petite amie qui participe également, et le niveau reste relativement bas. Mais ce n’est pas le principal, non, l’essentiel n’est pas dans Lactel mais réside bien dans la pratique du beau jeu, d’une journée détente avec des amis et surtout, une bonne organisation.
Je me remémore en même temps un des coups extraordinaires auxquels on a la chance d’être le témoin privilégié. Un joueur assez loose est de SB. Il a été très agressif toute la matinée. Le second de parole envoie 800 sur des blinds 100 / 200. Tout le monde passe jusqu’à notre ami au pull rayé multicolore qui call la relance initiale. Head’s up. Ils ont tous les 2 dans les 16 000 de stacks, bien au dessus de la moyenne. Le flop fait checker le premier, continuation bet au flop du second joueur à 2000, ce qui est un bet pot pour les puristes, d’un coup j’entends « tapis / payé » immédiatement. Alors que la table semblait des plus calme, d’un coup je vois un coup à près de 40 000 avec au show down vs . Turn un , full aux rois par les as, contre brelan d’as et tirage couleur. Là on s’accordera tous à dire que la flush est « drawing dead », cela ne sert à rien (oui, un full bat une couleur !!). Il reste a au joueur en tout et pour tout 7 cartes pour gagner le coup. Et la plus belle river est bien sûr un … Il met tapis pour un tirage couleur et top paire, et se retrouver à toucher un carré en backdoor. Voilà le genre de coup dont je suis témoin et cela me rassure de ne pas être celui qui subit ce bad beat... J'espère avoir le courage et surtout le temps de vous conter autant que faire se peut.
Ma vie de joueur est loin d’être terminée, mon activité de l’autre côté de la barrière ne fait que commencer et j’espère pouvoir continuer le plus longtemps possible cette activité qui est enrichissante tant du côté financier que du côté culturel. Malgré une année 2008 désastreuse financièrement, travailler pour les casinos me permet de rester au contact de ce monde si fascinant et adopter une rigueur qui me faisait défaut jusqu’à maintenant. L’organisation dont je dois faire preuve est un petit plus que je dois calquer sur ma gestion de bankroll, je côtoie une génération de joueurs qui s’angoisse à la perte de 90€ (tarif d’un AQ suited par exemple dans ma hand range), qui économise 1 mois ½ pour pouvoir se payer une cave dans un tournoi à 200€, et j’avoue que c’est rafraichissant de constater que ce jeu n’est finalement pas qu’une question de moyen, mais de passion et de rigueur. Je prends beaucoup de plaisir à rencontrer des joueurs qui ne sont pas motivés par l’appât du gain, ils viennent passer la journée au casino, s’ils ont un peu de chance, ils arrivent en table finale, ont conscience de l’enjeu financier mais sont là pour passer une journée par mois où ils sont concentrés et ne pense que poker de 09h00 du matin jusqu’à tard le soir. Le profil des joueurs rencontrés est très loin de ce que l’on connaît ici, dans la capital. C’est même pour certains la première expérience live, et à coup sûr pour la plupart leurs premiers pas dans un casino. Très loin du cliché chemise ouverte, chaine en or qui brille, une « poule de luxe » assise à côté de lui et les bagues plein les doigts, le joueur typique de casino d’aujourd’hui est jeune, avec un niveau de vie des plus moyens et qui aura découvert le poker avec l’ami Bruel sur Canal + (aucune honte, j’ai commencé grâce ou à cause de lui), a généralement une petite amie qui participe également, et le niveau reste relativement bas. Mais ce n’est pas le principal, non, l’essentiel n’est pas dans Lactel mais réside bien dans la pratique du beau jeu, d’une journée détente avec des amis et surtout, une bonne organisation.
Je me remémore en même temps un des coups extraordinaires auxquels on a la chance d’être le témoin privilégié. Un joueur assez loose est de SB. Il a été très agressif toute la matinée. Le second de parole envoie 800 sur des blinds 100 / 200. Tout le monde passe jusqu’à notre ami au pull rayé multicolore qui call la relance initiale. Head’s up. Ils ont tous les 2 dans les 16 000 de stacks, bien au dessus de la moyenne. Le flop fait checker le premier, continuation bet au flop du second joueur à 2000, ce qui est un bet pot pour les puristes, d’un coup j’entends « tapis / payé » immédiatement. Alors que la table semblait des plus calme, d’un coup je vois un coup à près de 40 000 avec au show down vs . Turn un , full aux rois par les as, contre brelan d’as et tirage couleur. Là on s’accordera tous à dire que la flush est « drawing dead », cela ne sert à rien (oui, un full bat une couleur !!). Il reste a au joueur en tout et pour tout 7 cartes pour gagner le coup. Et la plus belle river est bien sûr un … Il met tapis pour un tirage couleur et top paire, et se retrouver à toucher un carré en backdoor. Voilà le genre de coup dont je suis témoin et cela me rassure de ne pas être celui qui subit ce bad beat... J'espère avoir le courage et surtout le temps de vous conter autant que faire se peut.