Je me retrouve par hasard au casino Barrière de Toulouse. Une bien belle ambiance, un bien beau casino construit autour d’un théâtre, des hot babes du cru toulousain partout autour des tables, maquillées et habillées comme des pu***, mais désespérément accrochées aux basques de leur rugbyman de mec. Je me présente aux alentours de 22h20, avec les maigres 450€ que ma CB estampillée Société Générale a bien eu l’audace de me sortir sans le fameux « Plafond de retrait dépassé » qui fait sentir à votre interlocuteur poindre les heures sombres de la broke attitude. Cette étape n’est pas encore passée, je suis sevré de poker depuis plus de 4 mois, avec en tout et pour tout 5h de jeux cumulée en cercle durant cette période ce qui, pour moi relève de l’exploit. Seulement voilà, je suis en WE à Toulouse et j’ai envie de tâter de la carte, de faire des chip tricks en pleine réflexion sur le move à faire, de commander des café / san pellegrino à tout va, féticher les croupiers, charier les donks mais pas trop, faudrait pas qu’ils quittent la table, bref, me sentir revivre cette adrénaline de la gestuelle du joueur de poker. Tout ceci était presque oublié, les souvenirs gardés des sessions en casinos s’était ponctuée par une défaite à Forges (800€) une victoire au Palm à Cannes (1200€) et une perte à nouveau à Enghein (300€). Le poker pratiqué dans ce monde (les casinos je rappelle) est un poker très pauvre techniquement, mais alors bigrement riche en jetons de plastique présents sur la tables, et toutes les communautés de joueurs s’y croisent, créant ainsi le melting-pot si rare aujourd’hui dans les cercles de jeux, où l’on ne croise que très rarement sur une même table le jeune étudiant venu faire un hit & run shortstacké à 200€ et qui se lève sitôt son stack doublé / perdu, le jeune semi-pro qui se documente, fait des move technico-tactique très (trop ?) poussé et réfléchis pour calibrer ses mises, mais il demeure une personne incomprise car sa technique n’est pas reconnue à sa juste valeur et reste un joueur anonyme, le régular, ultra loose mais qui ne connaît pas la banqueroute car il alterne tantôt le blackjack, la roulette et se gave aux machines à sous, mais c’est le pote de tout le monde car il livre des jetons à ABSOLUMENT tout le monde, il ne joue pas ses potes, vient avec de la famille (il a beaucoup de cousin et de frères à table), s’alcoolise car il veut avoir chaud dans sa chemise Armani Jeans (AJ comme As Jack lol) et l’ouvrir pour faire ressortir ses poils et « pécho » de la meuf, voir la serveuse parce qu’elle est BOOOOONNE, mais également le Big Boss de la salle, celui qui vient de perdre 10 000 sans sourciller sur deux cases au BlackJack, était à -2 avec 17 et 19 sur chacune donc il n’a pas tiré tandis que la banque affichait un V et BIM, l’As qui fait BJ pour assurer un pendentif à sa poulette, une fille de max 22 ans et qui est « IN LOVE » de son riche boyfriend (obviously), des « baleines » (terme usité dans les casinos pour désigner les gros joueurs à soigner, c.f la série Las Vegas avec la petite bombe Samantha Marques) qui viennent se détendre sur les tables de cash game car ils peuvent balancer des jetons comme à la télé, et bluffer 94% des coups dans lesquels ils sont engagés (et comme ils sont à 99,45% de flop vus, ça en fait des bluffs à passer !!) mais bon ils ne sont là que pour s’amuser, ils s’ennuyaient au Black.
Tout cet arsenal stéréotypé de joueur, je l’ai bien heureusement côtoyé vendredi soir au casino de Toulouse. Ce casino, comme à peu près tous les casinos, rencontre un fort succès grâce à ce jeu qui permet d’attirer une clientèle de plus en plus jeune et surtout, inhabituelle. J’ai bon nombre de fois rencontré des joueurs sont c’était la première fois qu’ils mettaient les pieds dans un casino, que ce soit pour jouer en cash comme en tournoi. Ce qu’il y a de bien à évoluer dans les casinos, c’est que j’ai comme l’impression de retrouver parfois, dans certaines configurations, le jeu d’antan, celui où on met tapis sur un jeu du type Top paire top kicker, où on procède de même avec un tirage couleur alors qu’on n’a 0 fold equity car aucune profondeur de tapis. Je n’ai jusqu’à maintenant « grinder » que les tables à faible buy-in, mais rendez-vous compte que sur une table à 200 blinds 5/5 la plupart des joueurs sont deep avec en moyenne 150 à 200 BB par joueur, et l’action y est assez vertigineuse. Je me pose, après 40 mn d’attente (je n’ai décidément pas l’habitude de patienter, vive les floors et chips de l’ACF !!) et me lève, déstacké de 500€ en moins d’1h30. Je suis frustré mais je n’ai plus d’argent, ma CB ne passerait pas à la caisse et heureusement d’ailleurs. Je souhaite une bonne soirée à mon adversaire qui vient de m’achever en me prenant mon tapis avec AJ vs ma pocket 99 sur un flop 477 où il effectue un continaution bet à 160 sur un pot à 85, ça m’a semblé louche, ça pue l’arrachage alors je raise à tapis à 240, il réfléchit et me dis call, j’suis sûr que t’es à tirage. Turn Q river J, that’s poker baby !! (sic life). Je me lève, un peu amer, solide, je ne suis pas désemparé mais bon , tout le chemin de retour jusqu’à la voiture, j’me ressasse les coups, comment je les ai joué, comment les autres les ont joué, et, alors que j’enclenchais la clé dans le néman, et tournais ce qui devait imparablement me ramener à la dure réalité : j’avais jeté mon argent, en payant tel un oiseau, mes quelques euros, comme si j’étais un prince saoudien de passage dans la ville Rose. J’effectue le retour alors en cramant au moins 5 clopes en 12mn, n’arrête pas de me dire que si j’avais joué moins large tel un scandinave à l’EPT de Copenhague, j’aurais sûrement eu de quoi faire passer l’envie à certains de venir me titiller… Et c’est alors que je passe devant la Société Générale qui m’avait permis de perdre mes premiers euros glanés à force d’emprunt remboursés et dettes péniblement couvertes. Lorsque je croise ce distributeur, j’ai comme une envie de tenter à nouveau un coin flip : il est minuit passé, plafonné en mode retrait à un certain montant quotidien déjà dépassé le vendredi soir, nous sommes aujourd’hui samedi. Allez coin flip, si je tire des sous, j’y retourne, sinon au dodo avec le fameux « gode dans le cucul ». Je m’extrais du véhicule tel un cow-boy de la BAC en pleine intervention, insère la C.B (Visa SVP !!!), tape le code pin et là, la demande est acceptée. Let’s go to gamble my friends. Je fais demi-tour direction la casino, repasse à nouveau devant le Stadium tout proche du centre de formation de Toulouse (il faudra que j’aille un jour dans cette antre dédiée au foot, il est vraiment beau de l’extérieur ce stade), et je me réinscris sur la liste. A nouveau une petite demi-heure d’attente et je m’assoie à ma grande surprise sur la même table, les joueurs sont les mêmes et j’ai une meilleur position par rapport aux « bons » joueurs de la table. Je pose comme prévu mes 400€ et reviens avec des intentions différentes. Pas en mode scared money, si il faut tout pousser on pousse tout, point. J’arrive à arracher un coup avec middle paire kicker moisi (flop AK4, j’ai KT par exemple) en check-raisant le CB du mec ayant attaqué préflop au bouton, il lâche rapidement ce qui me rassure en me disant que j’étais probablement devant. Puis, fort de cette nouvelle image de fish absolu (par rapport à mon premier run où je perds rapidement les 500€), j’arrive à rentabiliser un jeu max au turn qui ne verra pas mon adversaire améliorer à la river. Je suis au cutt-off, il y a 4 limper avant, je call, le bouton également, puis la BB raise à 40, les 40 sont call par le second de parole ainsi que le joueur à sa gauche, les autres passent jusqu’à moi. S’il n’y avait eu qu’un seul joueur ayant payé, j’aurais sans hésité jeté mon , seulement là j’ai la position sur eux et si j’trouve mon flop j’peux faire des dégâts. De plus, le joueur UTG +1 est un joueur qu’on aime tous avoir à table, très loose, blindé avec toujours un gros tapis, constitué à 84% de son apport personnel, les 16% restants sont dus à des horreurs infligées de ci de là avec des 8-4 off ou des 10-5 qui font soit quinte à une carte, soit 2 paires, qui joue à fond ses mains fétiches et te raises avec any two car il aime pas la couleur de ta chemise ou parce que tu lui a pris un coup, etc, bref on adore… Donc je call et je trouve un flop , nickel, on a trouvé un bon tirage mais on spécule plutôt à trouver la quinte par le bas et pas de couleur pic à la turn, bref on est derrière avec peu de possibilité de s’en sortir mais on sait jamais si la turn m’arrange j’suis en position de prendre le pot si faiblesse il y a et si le tirage n’est pas trop cher, bah j’y vais. Et là, à ma grande surprise, dans un pot à 180, la BB fait un continuation bet à 80, un peu moins de la moitié du pot, ce qui est particulièrement étrange, sachant que jusqu’à maintenant il a toujours attaqué ¾ pot ses CB voir overbeté pour couper toute côte pour aller tirer. Mais là, il y a un tirage pic (que je soupçonne l’UTG de chercher en callant l’attaque de la BB) et un tirage quine (chez moi donc). Nous ne sommes plus que 3 sur le coup, car un des joueurs nous a quittés, et j’ai donc 80 à mettre pour 340 donc le call est évident. Un raise me traverse l’esprit mais je me méfie d’un bet pourri au flop pour exciter les adversaires et raiser plus fort encore celui qui tenterait d’arracher le coup. Et puis j’ai rien encore, et sur ces tables, se commit au pot avec juste un draw n’est pas rentable, étant donné que même si j’ai 2000€ de tapis, je serai payé, même avec top paire top kicker (c’est ça qui est beau). Le call est évident d’autant plus que le tombe immédiatement à la turn. Les deux check, tiens c’est bizarre ce changement de stratégie, j’suis max et ils check tous les deux ? Je ne vais quand même pas gagner le coup si facilement tout de même. J’envoie tout mourant 120€ avec la nonchalance qui caractérise un jeu énorme, et là ça ne loupe pas, la BB me demande combien j’ai derrière, je réponds « l’air inquiet » 350€, il me fait un cinéma pas possible, se gratte la tête et joue son personnage à fond. Il m’envoie 1600€ dans les dents (je préfère ça plutôt que les joueurs qui disent « TON TAPIS » genre ils sont dans le film les joueurs et Mike McDermott qui réplique « Ton tapis Teddy, je crois pas que tu aies les pics ! », au moins il me pousse à tout mettre). L’autre joueur se sauve (et merde un client en moins) et payé instantanément chez moi. Quand bien même il aurait éventuellement tirage couleur, brelan ou autre, il est derrière et je suis max, alors payé. La river, j’ai envie de vomir, de casser la table car c’est un . La doublette, l’horreur. Je le vois vénère, il n’aime pas cette carte, et annonce « putain j’avais 2 paires et maintenant que le roi », ouf j’ai eu peur, j’ai cru qu’il avait foolé., mais non, classique, il me montre un magnifique , on l'a échapée belle tout de même. Je lui annonce quinte et tout le monde est interloqué par cette configuration. Ils sont surpris, tous, de voir un jeu tablé aussi fort, vraisemblablement, ils s’attendaient à un duel de Rois, mais une quinte sur un flop à tirage couleur et paire enfin tout sauf tirage quinte apparemment. Je ramasse ce joli coup et là, le joueur que je viens d’envoyer dans les cordes semble vouloir me déclarer la guerre. Il a tout simplement décidé de peindre une cible sur le torse et d’arroser de ses jetons toutes mes relances ou signes de faiblesses. Malheureusement, je n’ai pas eu le jeu suffisant pour le laisser m’arroser à un moment déterminant, et sur les 600€ que je lui ai pris, il aura réussit à m’en récupérer environ 300. Bref, je ne m’énerve pas, je subis un peu la loi de ce joueur qui cherche à se venger mais il envoie toujours les bonnes sauces, arrive à déceler mes bluffs, et a un très bon read sur moi, je dois faire en sorte de l’éviter au risque de perdre plus que de raison. Finalement, il joue plutôt pas mal, call toutes mes relances avec du jeu lourd ou des merguez et arrive à me dominer dans n’importe quelle position. Puis vient enfin le coup de la soirée, « le coup du refait » comme dit l’expression. Je limp en second de parole avec , tout en me disant s’il n’y a pas trop d’action je reste, sinon je fold, logique. Derrière moi tout le monde paye jusqu’au bouton, un jeune assez cutard mais plutôt bon, qui joue beaucoup des positions et arrive à rentabiliser plutôt bien ses mains. Il estime sûrement qu’il y a trop de monde dans ce coup et raise à 40, call par les blinds, par l’UTG ok s’en est trop, obligé de caller, la côte est trop belle. Les deux autres joueurs derrière moi s’empressent de call et on se retrouve à 7 préflop à 40, VA FALLOIR CHATTER !! Flop sur mesure : . Les blinds + l’utg check, j’agresse le bouton pour tester sa main, ne pas lui laisser l’occasion de voler le coup et surtout, optimiser mon tirage. S’il relance c’est tapis et puis c’est tout. J’ouvre donc à 80 dans un pot de 280, n’importe qui en cercle m’aurait grillé et relancé très cher pour ne pas me laisser tirer et surtout, ne pas me laisser fixer le montant de mon tirage, mais ici, personne ne me connais, alors je pense que je ne prendrais aucun risque à jouer de la sorte sauf de ne pas toucher. Le joueur juste à ma gauche paye, et le bouton veut relancer mais se ravise et call juste, le joueur à ma droite aussi, les autres passent et on a fait le ménage. Par contre, tout de suite, le tombe, ce qui me permet de checker après le joueur UTG, le joueur à ma gauche également et le bouton prend une grande respiration avant d’envoyer 250. L’utg passe instantanément, et le joueur à ma gauche commet une faute en envoyant 130 et tapis. Le croupier lui fait reprendre sa mise, je n’ai pas parlé. Soit je call et destack le fish à ma gauche au risque de ne plus prendre un centime sur la dernière est une scary card comme on l’appelle, soit je bouge tout de suite et je peux doubler sur le bouton qui me couvre. J’ai 630 en tout, et je suis quasi sûr qu’en envoyant tout, il paye. Alors je réfléchis longuement et décide de tout envoyer, persuadé que l’autre joueur à ma gauche payera. Mais il fold. Le bouton réfléchit et finit par payé un peu dépité d’avoir mit le nez dedans, surtout que le fold est dur, quand tombe le et me montre . Ah il a chatté l’ami, mais pas contre moi, il relance en position, trouve une paire et son tirage, et arrive à tomber contre le seul joueur de la table qui a les nuts à la turn quand il décide d'envoyer bien lourd. Sa réflexion me laisse à penser que c'était définitivement un bon joueur étant donné qu'il a longuement réfléchit et qu'il a hésité à jeté, mais bon, refaites les coups que j'ai joué jusqu'à maintenant et vous payé aussi, avec une fish attitude qui m'a longuement servit sur cette session.
Je me sens bien, il est 3h du mat et prend un pot à 1760€, je me vois rester jusqu’à la fermeture et continuer sans grand risque de gratter de ci de là quelques centaines d’euros. Mais je ne connais que trop les tables qui vont bientôt fermer, ça ressemble surtout à du flash qu’autre chose, et surtout, je regarde le petit écran du croupier lorsqu’il me tend les jetons et me dit que même si le rake de l’ACF est élevé (6€ si un coup fait plus de 100, +2€ pour le bad beat jackpot, + 2 voire 4€ si le coup est intéressant pour le croupier, ça fait tout de même en moyenne 16€ le gros coup), il n’est rien à côté de celui des casinos qui certes ne prélève pas énorme sur les petit pots, mais là, un pot à 1760€, je me fais amputer de 70,5€. WAOUH, quel rake, non capé (contre 24 à l’ACF) et des croupiers bons mais pas extraordinaires non plus (si si une jeune fille magnifique qui m’a grandement fais pensé à une croupière croisée au détour d’un tournoi sur la côte d’azur, la fameuse choupie !) et les règles locales plus qu’étranges.
Encore une fois, le jeu en casino est vraiment spécial, il me rappelle les 30 de mes débuts où je posais tout tremblant mes 80€ et bavait au détour de la grande salle en voyant les énormes pots des 100 où s’affrontaient les Vivian, Anthony, Serge et autres Roger avec des pots à 2000 et des mains moites. Le jeu qui y est pratiqué ressemble fort à ces 30 de mes débuts, où on pousse tout sur top paire top kicker, les même oui, mais alors avec beaucoup, beaucoup mais alors beaucoup, beaucoup plus d’argent… L’avenir s’écrit-il dans les casinos ?